De la terre au bronze ...
Une fois terminées, mes sculptures quittent ma caverne pour d’autres lieux, d’autres grands ateliers où le travail se fait en équipe : les fonderies. Elles y sont moulées. De ces moules on tire des cires qui sont retouchées puis enrobées. Le bronze, (mélange de cuivre et d’étain), fondu à 1150 ° est injecté dans les cylindres ou les coques selon les techniques. Ambiance de feu et de poussière où d’étranges Vulcains casqués, armés d’instruments de torture président à la naissance d’ours et d’éléphants. Ensuite vient le décochage où le plus maudit de tous casse le plâtre, nettoie les fontes brutes au marteau-piqueur et au karcher. La ciselure et enfin la patine sont les étapes où je prends pleinement mon rôle. Confier ses créations à d’autres est délicat et je me dois d’être très présente. Beaucoup d’heures donc, d’échanges avec les ciseleurs et patineurs, de vérifications pour arriver au résultat final.
Technique très ancienne de surcroit : L’Ephèbe d’Anticythère date du IVᵉ siècle av JC et un collectionneur de l’époque (ou marchand d’art ?) l’avait fait voyager bien plus tard pour en orner sa villa. Inscription donc dans l’histoire de l’art, dans le symbolisme aussi, de la biche au pied d’airain aux cloches de Notre Dame. La législation actuelle qui limite le tirage à 12 exemplaires (numérotage sur 8 et 4 épreuves d’artiste en chiffres romains), signés avec cachet de la fonderie d’art, contribue à faire de chaque exemplaire une œuvre unique. J’aime à penser que les pièces offertes (par exemple pour une naissance ou un évènement important, ce qui arrive fréquemment) vont accompagner le destinataire sa vie entière. Cette technique me permet d’inscrire mon travail dans la pérennité. Contraste avec notre société actuelle du tout jetable.
