En feuilletant un livre de photos offert par ma fille Claire je suis tombée sur un cliché de l’Agence Keystone représentant de dos une petite fille en maillot de bain, serviette sur le cou, allant se baigner avec un bébé hippopotame. Idée peu banale puisqu’à priori je n’ai jamais entendu personne rêver de partager son bain avec cet animal réputé agressif et classé drôlement dans les cétartiodactyles, entre cétacé et ruminant ; tout un programme ! Mais là, il s’agit d’enfants d’espèces différentes unis dans le même plaisir de la promesse de baignade. Ils se rendent à la rivière, en accord, d’un pas décidé. J’ai traité évidemment la pièce en rondeur, rondeur de l’arrière train de l’hippo répondant aux rondeurs de la petite fille ponctuées par son bonnet de bain. Ils sont tous deux en mouvement reliés par un jeu de regards qui renforce leur complicité. La patine de ce bronze est très douce pour inviter à imaginer les jeux d’eau sur la peau.
D’une image glanée au hasard d’un livre peut naître ainsi une sculpture. Création à partir de la réappropriation, d’inconscient à inconscient. L’art n’est fait que de cela.
Extrait du livre «Le labyrinthe de l’imaginaire »
L’hippopotame a rejoint assez vite mon bestiaire, tant ses rondeurs étaient plastiquement attrayantes. Il était dans l’Egypte ancienne symbole de fécondité et est encore très souvent collectionné par les femmes. Je le représente avec ses petits, ou chevauché par de rondes écuyères. Pour le jeu, j’ai créé aussi de petites vénus anthropomorphes. Attention, dans l’antiquité il a suivi le destin du Dieu Seth, tantôt honoré tantôt diabolisé car destructeur de récoltes, en quelque sorte symbole de nos relations compliquées avec l’animal.
Patine très douce grise avec nuances brun-vert.